[VIDEO] La tuile ultime : les marées de Patagonie

Bahia Ainsworth 8  • 

Toujours échoués en Patagonie, je ne pensais pas que ça pouvait empirer… et pourtant, vous allez voir que si ! Vous savez quand parfois, on a l’impression que le sort s’acharne ? C’est un peu ce que je ressens en ce moment. Les marées que l’on connaît en France sont dites semi-diurnes : il y a donc deux marées hautes et deux marées basses par jour. En Patagonie, le fonctionnement est un peu différent, les marées sont semi-diurnes à inégalité diurne, c’est-à-dire que les amplitudes de deux pleines mers successives sont différentes. Comme on s’est échoués à la GRANDE marée haute, au cours de la prochaine (la petite marée haute, donc), le niveau de la mer ne nous permettra a priori pas de retrouver suffisamment de flottabilité pour déséchouer le navire. C’est en consultant les tables de la SHOA (Service Hydrographique et Océanographique de l’Armada) que je m’en suis rendu compte. La cata. Je n’étais déjà pas rassuré sur notre capacité à s’en sortir rapidement, mais là, c’est encore pire. Ce qui m’inquiète tout particulièrement, c’est que le niveau de la marée basse actuelle met le bateau dans une position délicate : les tensions sur la roche qui nous retient de couler sont déjà très fortes. Mais à la GRANDE marée basse prochaine, pendant la nuit, le niveau sera d’un mètre plus bas et là, je crains que la roche ne dérape complètement. Je suis sorti d’une forme d’adrénaline, et maintenant j’attends. Je crois que c’est encore plus insupportable : il n’y a rien que je puisse faire de plus. Nous nous préparons à potentiellement passer la nuit sur l’île, nous y amenons de l’eau, de la nourriture, des équipements, les disques durs qui contiennent toutes les images captées pendant l’expédition. On attend… on attend la prochaine PETITE marée haute, en espérant que, malgré la hauteur d’eau qu’il nous manquerait pour sortir de ce guêpier, le fort courant montant nous aide à dégager le navire de la roche.