Je veux y croire… je crois que je n’ai jamais autant croisé les doigts qu’en cet instant. Depuis que nous nous sommes échoués, nous avons vécu tellement de rebondissements ! D’abord les chocs sur les cailloux, puis l’immobilisation totale. Ensuite, le bateau qui commence à perdre son équilibre et qui menace de couler, puis l’amarrage qui dérape, puis les marées si particulières à la Patagonie qui devraient nous empêcher de nous déséchouer. Mais l’espoir fait vivre ! Haut les cœurs ! Vers 16 heures, avec la marée montante, je vois le bateau qui commence à bouger légèrement, ce qui nous indique que nous retrouvons de la flottabilité. Je me précipite à bord, prêt à manœuvrer. Félix et Maxime sautent dans le dinghy, et commencent à appuyer sur le bâbord avant, afin de remettre le nez du voilier dans la direction de la passe, là où il y a plus de fond. Tout se passe tellement rapidement, j’ai le cœur qui bat à 100 à l’heure, l’adrénaline me monte à la tête. Je sens que ça peut passer, confusément, quelque part, là, dans mes tripes… Le moteur du voilier allumé, je donne des coups de fouets (des montées rapides dans les tours) vers l’arrière, pour aider le courant qui nous pousse hors des cailloux. Je sens que le voilier se déporte vers tribord. Comme prévu, le courant nous aide, malgré une hauteur d’eau moindre que lors de notre échouement. D’un coup, le bateau se libère. Je suis hyper concentré, les sens en alerte. Nous retapons deux roches sur le chemin de la sortie, puis nous atteignons la passe. Nous… nous sommes sortis ! Je dirige le navire contre le courant, vers la sortie de la passe, nous sortons complètement. Je n’en reviens pas. Nous sommes sortis. Nous sommes sortis. Maintenant, il nous faut vérifier que le bateau n’a rien, car les chocs répétés et très violents me font craindre une avarie au niveau de la coque, ou au niveau du gréement dormant. Alors à très vite ! Et merci pour votre immense soutien.